Cette lettre ouverte que je destine au ministre de la mobilité et aux responsables de la SNCB fait suite aux larmes d'Hélène, notre fille hémiplégique qui revenait de Liège en train ce lundi de décembre. Son expérience, elle est vécue par de nombreux utilisateurs du transport ferroviaire fragilisés par la vie. Elle dénonce un évident problème à la SNCB.
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Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les dirigeants de la SNCB,
Je suis triste aujourd'hui, je suis en colère, je suis scandalisé par la politique qui est menée pour développer l'attrait du chemin de fer. Certes, il y a de beaux spots radios qui nous inciteraient à prendre plus régulièrement le train... s'ils n'étaient mensongés. Mon propos n'est pas de relayer celui des navetteurs les plus communs bien que je les soutienne entièrement dans leurs revendications légitimes. Mon propos est plutôt celui d'un tranche d'utilisateurs moins nombreux mais pour lesquels le transport ferroviaire est le seul moyen de vivre dans une certaine indépendance, une certaine autonomie. Ces utilisateurs, pourtant réguliers, sont des personnes porteuses de handicaps qu'on pourrait étendre plus généralement à des personnes fragilisées par la vie (également des personnes âgées).
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les dirigeants de la SNCB, ma fille hémiplégique est revenue de Liège ce jour en larmes car elle avait été réprimée par un contrôleur des contrôleurs à qui elle n'avait pas pu montrer sa carte VIPO qu'elle a pourtant régulièrement avec elle... mais ce jour, ce n'était pas le cas. Avec un air accusateur il lui a signalé qu'elle devrait payer une amende de 75 € et que sa carte de 10 trajets sur laquelle il lui en restait 5 n'était plus valable!! J'apprendrai après par un ami qui se trouvait dans le train et qui a pu donner à ma fille un moment d'explication et de consolation, qu'elle devrait se présenter à la gare avec son ticket pour liquider sa dette ou en tout cas présenter sa carte de réduction. Mais comment voulez-vous quand on sait que la gare de Marloie est maintenant fermée les après-midis... Je devrai donc prendre un moment de congé de mon travail un jour de semaine où ma fille est disponible pour aller avec elle régler cette histoire!
Monsieur le Ministre de la Mobilité, Mesdames et Messieurs les dirigeants de la SNCB, ce n'est pas la première fois que votre politique me crispe. Il y a un mois, notre fille a reçu Luc, son ami trisomique qui habite Liège. Il avait sur lui 2 billets de 5 € lui permettant de revenir au train. Quelle ne fut pas notre surprise de constater que l'appareil à tickets ne recevait pas de billet: soit le compte juste en pièces, soit la carte bancaire... que Luc ne pouvait utiliser! Nous nous sommes donc arrangés (il a quand même fallu faire vite car, en plus le terminal bancontact de l'appareil à tickets ne fonctionnait pas... quel comble!!!). Mais si Luc avait été seul...!!
Monsieur le Ministre de la Mobilité, Mesdames et Messieurs les dirigeants de la SNCB, avez-vous déjà côtoyé des personnes porteuses de handicap pour comprendre non seulement qu'elles seront perturbées face à une situation inhabituelle qu'elles ne savent pas gérer mais aussi qu'elles vont être dans le stress le plus total de savoir que même à l'intérieur du train elles ne pourront pas rencontrer le contrôleur qui lui vendra simplement un ticket en acceptant quelques euros car il se mettra lui-même en infraction avec la loi ferroviaire! Où va-t-on?
Dois-je aussi parler du désarroi des éducateurs de services pour personnes handicapées, et de parents, qui voient leur travail d'accompagnement vers l'autonomie balayé par la stupidité de vos décisions? Croyez-vous que Luc prendra plaisir à se retrouver devant une machine à tickets? Pensez-vous qu'Hélène remontera avec envie dans le prochain train? Croyez-vous que tous ces jeunes handicapés voient d'un bon oeil tous ces travaux qui les déstabilisent dans leurs voyages et leur font perdre confiance?
Monsieur le Ministre de la Mobilité, Mesdames et Messieurs les dirigeants de la SNCB, j'en terminerai en vous suggérant de prendre contact avec un service d'accompagnement pour personnes handicapées afin de comprendre que la suppression des gares, le zèle de certains contrôleurs, les nombreux travaux, les suppressions de trains et retards, les machines à tickets non fonctionnelles, l'interdiction de prendre un ticket à l'intérieur du train sont des gifles à tous ceux-là qui, au fil des semaines, voire des mois, permettent à des jeunes handicapés "d'apprivoiser" progressivement ce moyen de locomotion qu'est le train leur permettant de vivre une certaine autonomie. Tout un travail anéanti et à recommencer avec patience... avant le prochain désarroi!
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les dirigeants de la SNCB, j'aimerais, mais c'est probablement utopique, que cette lettre ne reste pas sans suite... car à l'heure actuelle, c'est inacceptable d'avoir un service de transport en commun aussi peu performant.
Puis-je ainsi vous suggérer de revoir les exigences que vous portez à tout votre personnel en matière de relations humaines (car une personne n'est pas l'autre et une situation n'est pas l'autre) et d'ouvrir le dialogue avec les travailleurs sociaux qui peuvent vous éclairer sur des modifications nécessaires à votre système qui présente aujourd'hui ses limites? Ces modifications permettraient d'augmenter l'autonomie de ces personnes fragilisées de notre société...
Merci!
Jean-Marie Lobet,
Rue Cornimont, 1
Marche-en-Famenne
jmlobet@skynet.be
0495/771194
(NDLR : il est toujours possible d'au moins s'excuser)
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